e-Zorro

Vous connaissiez le terme de Scambaiting ? Je ne le connaissais pas, jusque très récemment. L’activité consiste à tracer le comportement d’arnaqueurs informatiques pour les empêcher de nuire, et éviter aux potentielles victimes des pertes d’argent parfois considérables.

Sous sa forme la plus simple, le scambaiting consiste à se poser comme potentielle victime et ainsi accaparer le temps de brouteurs ou d’escrocs au faux support technique. Sous sa forme la plus élaborée, il consiste à identifier et à dénoncer l’escroc informatique, et aussi à prévenir les préjudices en informant à temps les victimes potentielles de l’escroquerie.

Des justiciers des temps modernes, direz-vous? Apparemment oui; sauf que leur activité est totalement illégale, selon la loi de la plupart des pays d’Europe et aux Etats-Unis. Pour identifier un escroc informatique, il faut utiliser des moyens qui sont réservés par la loi à l’usage de la police, mandatée par une décision judiciaire. Mais une décision judiciaire ne peut intervenir qu’après un dépôt de plainte, donc après le préjudice; et de plus, une telle plainte n’a pratiquement aucune chance d’aboutir, car l’action de justice associée devrait se dérouler sur la scène internationale, ce qui rend toute intervention démesurément complexe et soumise à d’innombrables décisions de la part de tous les états concernés, en supposant que ceux-ci acceptent de collaborer. De fait, les croque-escrocs soignent particulièrement leur anonymat. Des justiciers masqués, en quelque sorte.

Ainsi, un « croque-escroc » qui dénonce un véritable escroc peut être poursuivi par la loi de la plupart des pays démocratiques pour utilisation de moyens illicites en vue de l’extorsion de données. Un croque-escroc qui dénonce un escroc prend beaucoup plus de risques pour lui-même qu’il n’en fait courir à l’escroc qu’il dénonce.

Nous sommes bien conscients que laisser Pierre, Paul, Jacques ou Jean faire la justice eux-mêmes ne constitue pas une solution viable à la cyber-criminalité, contre laquelle les lois existantes restent confinées à des frontières qu’Internet ne connaît pratiquement plus. Mais condamner lourdement des gens parce qu’ils dénoncent des méfaits coûtant des milliards à la société et mettant des personnes souvent fragilisées sur la paille constitue-t-il une attitude raisonnable ?

J’ai bien aimé regarder Guy Williams (puis beaucoup d’autres) incarner Zorro, le justicier masqué hors-la-loi quand j’étais enfant (et aussi plus tard, d’ailleurs); j’aimais bien le sergent Garcia aussi; mais depuis que ce dernier est devenu politicien, j’ai l’impression que la graisse de sa bedaine lui est montée au cerveau. Mais il nous reste Zorro. Enfin, e-Zorro.

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